Résumé
Dans La Condition postmoderne, Jean-François Lyotard explore les mutations du savoir à l’ère contemporaine. Commandé par le gouvernement du Québec, ce rapport philosophique interroge les transformations de la connaissance, du langage et de la légitimité du savoir dans les sociétés dites « postmodernes ». Lyotard y développe l’idée que les « grands récits » – tels que le progrès, l’émancipation humaine ou encore le marxisme – qui fondaient la légitimité des discours dans la modernité, ont perdu leur crédibilité. À leur place, prolifèrent une multiplicité de « petits récits », fragmentés, locaux, souvent en concurrence. La postmodernité, selon lui, marque la fin des fondements universels du savoir et leur remplacement par une logique performative : le savoir devient un enjeu d’efficacité, étroitement lié aux technologies et à l’économie.
Ce qu’il faut retenir
- La postmodernité se définit par l’incrédulité à l’égard des « grands récits » légitimants.
- Le savoir est désormais jugé à l’aune de sa performativité (efficacité, utilité, rentabilité).
- La production du savoir se déplace des universités vers les réseaux informatiques et les laboratoires financés par les grandes puissances économiques.
- La langue devient un champ de jeux entre multiples « régimes d’énonciation », chacun avec ses règles et sa légitimité propre.
Pourquoi c’est essentiel
Lyotard met des mots sur une rupture décisive dans la pensée contemporaine : la perte de foi en un projet global d’émancipation humaine par la science, la politique ou l’art. Cette œuvre sert de fondement à la critique de la modernité occidentale et inspire nombre de réflexions actuelles sur le savoir, la numérisation du monde, et la défiance envers les institutions. Elle est également incontournable pour comprendre la condition intellectuelle des sociétés de l’information, où la connaissance devient un bien stratégique et marchandisable. Lyotard propose ainsi une grille de lecture précieuse pour analyser la fragmentation du monde contemporain, la montée des discours identitaires, et la crise des institutions de légitimation (écoles, sciences, États).
Citation
« Le grand récit a perdu sa crédibilité, quelle que soit la manière dont on le raconte. »– Jean-François Lyotard, La Condition postmoderne, 1979

